La relecture efficace
Votre prof, directeur de mémoire, tuteur ou formateur a dû vous le dire et redire : il n’y a pas de place pour les fautes d’orthographe dans vos travaux de fin de cursus. Vous le savez. Et pourtant vous aurez comme une impression de travail accompli dès lors que vous aurez posé votre point final. Vous savez, un peu comme les films dans lesquels on voit l’écrivain terminer son roman et l’envoyer en l’état à son éditeur dans la minute qui suit. Oui, dans les films les écrivains (s’ils ne sont pas maudits) ont toujours un éditeur, même les débutants. C’est comme ça. Et si on se garde bien de nous montrer la partie relecture, réécriture et correction, c’est sûrement parce que cet aspect-là ne fait pas spécialement rêver !
Vous, vous êtes dans la vraie vie, et votre état de personne réelle ne vous empêchera pas de sous-estimer le temps nécessaire à la relecture et la correction de votre petit chef-d’œuvre. C’est normal, vous avez planché tant d’heures sur le fond, la recherche de votre sujet, la problématique, la méthodologie, que la relecture vous paraît bien futile en regard de cette somme de travail déjà déployée. C’est une tâche sur laquelle vous allez pourtant devoir vous pencher sérieusement en procédant stratégiquement pour atteindre la perfection au plus près.
Relisez-vous plusieurs fois, au moins trois.
Relire ce qu’on a écrit soi-même n’est pas efficace : vous lirez ce que vous avez voulu écrire, pas ce qui est réellement écrit. Vous tomberez peut-être sur une coquille ou une faute d’orthographe, mais sans méthode vos trouvailles seront aléatoires. Pour être efficace, il faut travailler par « couche », relire plusieurs fois, au moins trois, et donner à chacune de vos lectures un but précis :
- Première relecture : vérifiez la cohérence de votre mise en page : police de caractères, justification, interligne, titres et sous-titres, tout ce qui est physique et qui permet de comprendre votre plan.
- Deuxième relecture : vérifiez votre ponctuation. C’est loin d’être un luxe, une virgule mal placée peut gêner la lecture et même faire comprendre à votre lecteur autre chose que l’information que vous avez souhaité lui transmettre. Lors de cette même lecture, contrôlez vos majuscules, assurez-vous que vos guillemets et italiques sont utilisés à bon escient et vos notes de bas de page correctement indiquées.
- En troisième relecture, faites la chasse aux fautes d’orthographe, de grammaire et de conjugaison. Attention, ce n’est pas parce que Word ne souligne rien en rouge ou en bleu que votre texte est exempt de toute faute ! Armez-vous d’un dictionnaire et d’un Bescherelle, ou de tout autre outil qui vous permettra de dissiper vos doutes. Prudence sur la confusion futur/conditionnel, sur l’accord des participes passés, les pluriels des noms composés… et mettez-vous d’accord avec vous-même sur l’usage de l’orthographe traditionnelle ou réformée. Si vous écrivez « week-end », n’écrivez pas « weekend » deux pages plus loin, faites un choix et respectez-le.
Faites-vous relire par un tiers.
Un regard extérieur est indispensable, que vous ayez ou non un bon niveau d’orthographe. Les phrases qui composent votre ouvrage sont nées dans votre esprit, mais sont-elles facilement compréhensibles par un autre esprit que le vôtre ? Votre bêta-lecteur est-il contraint de revenir en arrière pour comprendre ce que vous avez voulu dire ? Êtes -vous certain de maîtriser toutes les règles que vous croyez connaître ? S’il est important de considérer le retour qui vous est fait, ne prenez pas tout pour argent comptant. Vérifiez et soyez mesuré quant à vos croyances et à celles des personnes qui vous liront. Personne ne sait tout. S’il y a débat, il est bon de rester humble, d’utiliser des sources fiables et de ne pas créer ses propres règles, même si on les trouve nulles ou illogiques, et même si tout le monde fait l’erreur à l’oral.
Souvenez-vous notamment que :
- On ne se rappelle pas de quelque chose, on se rappelle quelque chose ou on se souvient de quelque chose.
- On ne pallie pas à quelque chose, on pallie quelque chose.
- Quelquefois ne s’utilise pas dans le même contexte que quelques fois
- Quels que soient les problèmes, pas quelque soient les problèmes.
- 11 h 30, pas 11h30
- km, pas kms, ni KM
- Pas de etc… On écrit etc.
- Ils se sont succédé, et pas ils se sont succédés. Se succéder, c’est l’exemple type, mais globalement les règles d’accord des participes passés de verbes pronominaux sont hyper complexes et difficiles à manier. Mais peut-être que votre jury, lui, les connaîtra parfaitement.
Il y a mille raisons de se prendre la tête sur les règles d’orthographe, de typographie ou d’abréviations.
Si vous avez le budget et encore un peu de temps, faites appel à un correcteur professionnel.
Là encore, prudence est mère de sûreté. Si vous avez suivi toutes les étapes que je viens de vous indiquer, pourquoi votre copain – qui s’est arrêté à l’étape « point final » en se disant que le correcteur professionnel ferait le reste – paierait-il la même facture que vous ? C’est hélas bel et bien ce que se passera si vous prenez un correcteur qui facture son travail à la page. Et que penser d’un professionnel qui vous promet une relecture pour 5 euros ou vous garantit un retour dans les 24 heures ? À moins de passer le texte à la moulinette Antidote entre le café et le brossage de dents, je n’y crois absolument pas. Pour moi c’est impossible. Un correcteur sérieux vous fera un tarif sur devis, avec un échantillon de votre travail (au minimum quelques pages) pour se faire une idée précise de la qualité de votre syntaxe et des révisions déjà effectuées sur votre manuscrit.
Ne négligez aucune étape !
Et surtout, ne misez jamais sur la potentielle ignorance de votre jury ! Bon courage et bonne chance.
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