Photo plaquette

Séverine Coedelo, 43 ans, habite à Férel dans le Morbihan. Score de 932 obtenu au certificat Voltaire en juillet 2018. Continue de se former chaque jour.

Version longue…

Ou qui n’ont pas envie de lire mais qui se disent « On va bien lui trouver une petite faute quand-même ». Allez je vous en glisse une ou deux, histoire de vous faire jubiler!

J’aurais pu passer mon bac à 16 ans, avec trois ans d’avance, mais comme vous pouvez en faire le constat, à l’heure actuelle je ne sais toujours pas faire une soustraction. J’ai donc passé mon bac à 18 ans comme le commun des mortels. À 3 ans, je savais lire et écrire. À 8 ans, j’ai avalé Le grand Meaulnes d’une seule traite, en même temps que La critique de la raison pure et Martine vit sa dernière heure de virginité (là j’ai eu un peu plus de mal, je l’ai lu en plusieurs fois).

À 10 ans je corrigeais la thèse de ma baby sitter qui portait, de mémoire, sur la physique des lasers intenses et des impulsions ultra-courtes, mais je n’en suis plus très certaine. C’est donc tout naturellement que je me suis dirigée vers des études de littérature, avec pour point de départ un bac L avec mention très bien, cela va de soi.

Ensuite, le grand chelem : DEUG, licence, maîtrise, DESS, doctorat. Après, vu que j’avais quand-même 32 ans, je me suis dit qu’il allait falloir que je me mette à bosser un peu. Autant vous dire que j’avais l’embarras du choix ! J’ai opté pour traductrice de livres de messe du latin vers le français au Vatican (oui parce que c’est là-bas qu’il y le plus de livres de messe en latin). Du coup je parle italien couramment, en plus de l’anglais, l’espagnol, l’allemand et le rotokas (langue d’une île de Papouasie pour ceux qui, comme le correcteur de Word, ne connaissent pas).

Puis un jour, lasse, j’ai ressenti le besoin de me reposer, d’arrêter cette course effrénée contre le temps. Toujours entre deux avions, tout ça, c’est usant. Je convoitais un boulot peinard à la maison, rédactrice correctrice m’a paru le bon compromis.

Depuis je coule des jours heureux et vis grassement de mon talent, à l’ombre de mon chêne (espèce d’arbre très fréquente en bord de Vilaine aux alentours de La Roche Bernard pour ceux qui ne connaissent pas) et de mon olivier (souvenir du Vatican), cohabitant dans mon jardin dans la plus grande harmonie.

Version crédible…

Le système scolaire étant en total désaccord avec mon fonctionnement cérébral, l’école est pour moi un souvenir douloureux, ponctué d’échecs et de labeur. Dès la grande section, ma maîtresse soulignait ma lenteur d’exécution et mes difficultés de compréhension. Aussi loin que je me souvienne, cette enseignante fut la première à puiser dans mon capital ego, les autres continueront le travail jusqu’à le réduire à peau de chagrin.

À l’école primaire, tout me passait au-dessus de la tête. Je ne mémorisais pas et étais parfaitement incapable d’intégrer les règles, autant en maths qu’en français. Le tout associé à une timidité quasi maladive et à un bel arsenal de complexes, je laissais passer les journées sans jamais intervenir, admirant de mes yeux myopes les filles belles, populaires et bonnes élèves, celles qui lèvent le doigt pour aller au tableau et qui ont bien évidemment la bonne réponse à tous les coups. Celles qui se déplacent dans la classe telles des princesses, la tête haute, la silhouette frêle mais la démarche assurée, en faisant bouger leurs superbes cheveux longs, blonds et lisses. Moi, la tête baissée, le cœur battant, migrant mon corps charpenté incompatible avec mon âme d’enfant, j’étais au bord du malaise chaque fois que le maître me faisait venir au tableau.

Bref, je n’ai pas spécialement la nostalgie de ma scolarité, et une scolarité, c’est long ! J’ai pris le parti d’une cause que je croyais perdue, j’ai laissé passer le temps sans en attendre plus.

Et puis, il  y a une dizaine d’années, un coup dur m’oblige à pallier ma solitude soudaine. Je choisis la lecture et découvre ses vertus thérapeutiques. Moi qui n’avais jamais lu autres ouvrages que ceux imposés par le programme scolaire, le OK magazine ou le Top 50 (je vous parle d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître), je m’abreuve du talent des autres et je m’en passionne. Le point de départ fut « Le voile noir » de Anny Duperey, conseillé par une personne chère.

Dès lors, je lis beaucoup. Pour asseoir ma culture, pour me donner le droit de poser mon propre regard sur ce qui se dit à propos notamment d’un sujet que je maîtrise bien : la grande distribution. Après mon bac pro de commerce obtenu à 22 ans, j’ai vu de la lumière, j’y suis entrée, j’y suis restée. La grande distribution, c’est le genre d’endroit où vous arrivez par hasard. Vous pointez, vous faites ce qu’on vous demande et vous vous retrouvez dans une espèce d’état stationnaire alimentant votre zone de confort (locution à la mode, il fallait que je la place) dans lequel vous vous complaisez, perdant peu à peu le sens de l’orientation qui aurait pu vous mener vers la sortie.

Toujours est-il qu’un jour (oui, un seul jour m’a suffit), j’ai lu un pamphlet supposé être sociologique sur la condition des gueux oeuvrant pour la grande distribution, l’auteure  jetant un oeil condescendant sur les petites gens comme moi, seulement bons à se faire jeter des pièces de dix centimes pour espérer subsister.

Pour faire court (!), j’ai osé publier une critique négative sur cette auteure connue et je me suis fait quelques amis #gilles#gérard#alexis#jean-louis#friends. Ces gens ont eu toute leur importance dans la suite de mon cheminement intérieur. J’ai alors commencé à écrire des billets pour mon petit comité. Ça ne rapporte rien, mais ça fait du bien !

En 2015, un cadeau de la vie (oui, la vie prend, puis donne, puis reprend, puis redonne, à un rythme plus ou moins soutenu selon les individus) me pousse à reconsidérer mes objectifs de vie et à envisager de quitter mon travail. Le temps fera son œuvre, je pousse la porte de mon magasin le 26 mai 2018, sans aucune idée de ce que je veux faire quand je serai grande. J’entame dans la foulée un bilan de compétences et m’inscris au certificat Voltaire. Je voulais me confronter à moi-même, savoir si j’étais capable de me remettre en condition d’examen, de m’imposer une discipline et un programme de révision. J’ai obtenu 932/1000. Champagne !

La nouvelle se répand comme une traînée de poudre et je suis portée au nues par la foule en délire. Disons plus modestement que j’ai eu l’occasion, grâce à ce score, de m’entraîner à la correction et à la rédaction #marie#mathilde#justine, et de plancher sur ce métier lors de mon bilan de compétences.

Je commence bientôt une formation de correcteur au CEC de Paris, j’espère y apprendre des techniques infaillibles et être incollable sur les règles de typographie. En attendant, je continue à bosser mon orthographe, pour l’entretenir et parce qu’on ne sait jamais tout (auquel cas j’ai des sources de vérification, évidemment).

Expressivement vôtre.

 

%d blogueurs aiment cette page :